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Gérer et prévenir les effets indésirables des traitements

Mise à jour le 11 mai 2021

Les traitements anticancéreux peuvent avoir divers effets indésirables. Ils varient selon les thérapies utilisées, les techniques, les dosages et les personnes. La présence, ou l’absence, d’effets indésirables n’est pas liée à l’efficacité des médicaments. Certains effets indésirables peuvent être limités ou évités grâce à des traitements préventifs ou des conseils pratiques. En voici quelques-uns.

La fatigue

Pendant et après le traitement, votre enfant peut ressentir de la fatigue, parfois très importante. C’est un des symptômes les plus fréquents du cancer et de ses traitements. 

Votre enfant peut vous dire qu’il se sent épuisé, faible ou même triste. Plusieurs facteurs peuvent provoquer cette fatigue : le cancer lui-même, les traitements, une anémie, la perte de poids, les émotions, la douleur ou encore l’état général.

La fatigue ne doit pas être banalisée. Signalez-la à l'équipe soignante afin qu'elle soit prise en charge le mieux possible grâce à des médicaments, des compléments alimentaires, une transfusion sanguine ou encore des soins de supports spécifiques.

Voici quelques conseils pour éviter la fatigue :

  • Assurez-vous que votre enfant dorme et se repose suffisamment en lui proposant fréquemment des siestes
  • Maintenez des horaires réguliers, en particulier pour le coucher
  • Proposez des collations saines et nourrissantes de façon régulière
  • Évitez les boissons à base de caféine (colas, café, thé).
  • Faites faire un peu d’exercice quotidien à votre enfant, comme de la marche. Cela l’aidera à se détendre et à lui ouvrir l’appétit.
  • Adaptez l’emploi du temps de votre enfant de façon à faire les choses les plus importantes en priorité avant qu’il ne soit trop épuisé. Limitez ses activités à celles qu’il préfère et planifiez des sorties et des périodes de jeu de plus courte durée.

Les risques d’infection

Si votre enfant a reçu une chimiothérapie ou une greffe de cellules souches, le risque infectieux sera probablement votre principale préoccupation dans les semaines qui suivent. 

Ce risque est lié à la diminution du nombre de globules blancs - les leucocytes et les neutrophiles - dans la moelle osseuse. Les leucocytes sont essentiels au fonctionnement du système immunitaire de l’organisme car ils le protègent contre les virus. Les neutrophiles entourent et détruisent les bactéries dans l’organisme afin de le maintenir en bonne santé.

En cas de risque d’infection liée aux bactéries, il pourra être prescrit à votre enfant des antibiotiques. 

En cas de risque d’infection liée aux virus, champignons et parasites, il existe des médicaments antifongiques (contre les champignons) et anti-infectieux adaptés.

Pour prévenir au maximum les risques d’infection, l’enfant est placé en chambre stérile à l'hôpital. Les visites sont alors très limitées et l’environnement est soumis à des procédures de nettoyage rigoureuses.

Voici quelques conseils pour éviter les infections à domicile :

  • Respectez les règles d’hygiène habituelle, notamment le lavage des mains régulier à l’eau et au savon ou à défaut avec du gel hydroalcoolique. 
  • Evitez la foule en général et en particulier le contact avec les personne enrhumées ou qui toussent et avec les enfants qui ont la varicelle 
  • Encouragez votre enfant à ne pas partager ses couverts, verres ou brosse à dents.
  • Conseillez à votre ado d’utiliser un rasoir électrique plutôt qu’un rasoir manuel pour éviter les coupures.
  • Dites à votre ado de ne pas percer ni gratter les boutons.
  • Nettoyez immédiatement toute coupure ou écorchure avec de l’eau tiède et du savon.
  • Hydratez la peau de votre enfant pour qu’elle ne s’assèche pas 
  • Consultez l’équipe soignante de votre enfant pour savoir si des mesures de vaccination antigrippale peuvent être prises pour lui et son entourage.
  • Ne laissez pas votre enfant nettoyer les litières de chats ou les cages d’animaux. Les excréments et l’urine d’animaux peuvent contenir des germes transmissibles aux humains.

En cas de signe d’infection tels que fièvre (température supérieure ou égale à 38°C), toux grave, maux de gorge, sensation de brûlure en urinant ou si votre enfant présente des frissons, des diarrhées ou des vomissements importants, consultez immédiatement votre médecin. 

Les problèmes digestifs

Nausées et vomissements

La chimiothérapie et la radiothérapie provoquent souvent des nausées ou des vomissements chez les enfants. Une prévention est assurée par des antiémétiques (antivomitifs).

Voici quelques conseils pour aider à prévenir et maîtriser les nausées et les vomissements chez votre enfant :

  • Donnez à votre enfant des aliments neutres (de type féculents) pour limiter l’acidité gastrique et par petites quantités en fractionnant les repas pour ne pas avoir l’estomac vide qui accentue la sensation de malaise. 
  • Privilégiez des aliments faciles à digérer : riz, pain, flocons d’avoine, fruits et légumes cuits, jambon blanc, laitages maigres… A l’inverse, limitez les graisses, les fritures et les épices. 
  • Veillez à lui faire boire beaucoup de liquide entre les repas (eau, soupes, jus de fruits dilués) pour bien s’hydrater et diminuer l’acidité gastrique. 
  • Pour les plus grands, proposez des bonbons à sucer pour se débarrasser des arrière- goûts désagréables dans la bouche
  • Détournez l’attention de votre enfant avec des activités qui l’aideront à moins penser à ses nausées. 

Si les vomissements durent ou si vous constatez des signes de déshydratation (peau ou bouche sèche, absence de larmes lorsque l’enfant pleure, urine en petites quantités et de couleur foncée…) contactez rapidement l’équipe de soins. 

Inflammation des muqueuses digestives

L’inflammation des muqueuses digestives, appelée mucite, est fréquente après une chimiothérapie ou une radiothérapie. Les muqueuses atteintes sont la bouche, l'œsophage et l’ensemble du tube digestif. 

La mucite se traduit par des douleurs abdominales, de la diarrhée et au niveau de la bouche par une stomatite : rougeurs, aphtes, ulcérations, sécheresse buccale, difficulté à déglutir. 

Si votre enfant a la bouche irritée, un médicament antalgique et antiseptique pourra l’aider à boire et à manger.

Pour prévenir la mucite, il est conseillé de garder une bonne hygiène dentaire. Pour cela, un suivi dentaire régulier est indispensable, en particulier après l'arrêt des traitements. Informez le dentiste si un traitement anticancéreux est en cours. Il est également important de se brosser les dents après chaque repas avec une brosse extra-souple en faisant des mouvements très doux. Les bains de bouche réguliers sont aussi recommandés avec de l’eau ou une solution à base de bicarbonate prescrite par votre médecin.

Voici quelques conseils pour faciliter l’alimentation de votre enfant et limiter les douleurs : 

  • Manger lentement de petits morceaux en mastiquant bien
  • Fractionner les repas dans la journée (encas, goûter …)
  • Servir les aliments et les boissons à température ambiante, le froid ou le chaud peuvent irriter la bouche et la gorge
  • Privilégier des aliments cuits tendres, hachés voire liquides (purées, pots pour bébé par exemple). Éviter les aliments durs, croquants, secs. 
  • Boire à l’aide d’une paille si les lésions sont étendues.
  • Hydrater la bouche : sucer des glaçons ou de la glace pour calmer l’inflammation et hydrater les lèvres avec un baume ou de la vaseline. 
  • Éviter les aliments et les boissons acides, épicés ou salés.

La constipation

Certains traitements et les analgésiques peuvent être causes de constipation. Si votre enfant est constipé, son équipe soignante pourra lui prescrire un médicament ou un laxatif pour ramollir ses selles. Parlez à votre médecin si le problème de constipation s’aggrave ou se prolonge.

Voici quelques conseils pour éviter les problèmes de constipation :

  • Proposez à votre enfant une alimentation riche en fibres : pains, céréales, pâtes et riz complets, lentilles et haricots.
  • Augmentez la quantité de fruits et de légumes au menu de votre enfant. 
  • Faites boire beaucoup de liquide à votre enfant : eau, lait, soupe ou jus. 
  • Encouragez votre enfant à faire davantage d’exercice, s’il en est capable.

La diarrhée

Votre enfant peut avoir des selles molles ou liquides par suite de son traitement contre le cancer. Il est important de traiter la diarrhée pour éviter que l’enfant se déshydrate.

Voici quelques conseils pour prévenir les problèmes de diarrhée :

  • Limitez la consommation d’aliments contenant des fibres non solubles qui sont difficiles à digérer. Ex : pain complet, fruits et légumes crus. Privilégiez plutôt des fibres solubles que l’on trouve dans les pommes de terre, le pain de son d’avoine, la compote de pommes, les bananes et le riz.
  • Évitez les produits qui causent des gaz, comme les haricots, les lentilles, le brocoli, le maïs, le chou-fleur, le chou, les boissons gazéifiées et le chewing-gum.
  • Limitez les produits riches en matières grasses comme les viandes et les frites, les produits laitiers à teneur en gras plus élevée, les desserts riches et les gras ajoutés tels que le beurre ou la margarine.
  • Limitez les aliments qui contiennent du lactose
  • Évitez les boissons et jus de fruits trop sucrés.

Vous pouvez soulager les maux de ventre de votre enfant en plaçant une bouillotte enveloppée d’une serviette sur son ventre ou lui proposer un bain d’eau tiède.

Une fois la diarrhée disparue, rétablissez petit à petit l’alimentation habituelle de votre enfant.

En cas de signe de déshydratation comme la peau ou la bouche sèche, l’urine en faible quantité et de couleur foncée, pas ou peu de larmes quand l’enfant pleure… Consultez rapidement l’équipe de soins.

Les troubles alimentaires 

La prise de poids

Il peut arriver que les enfants prennent du poids pendant les traitements. Cela peut s’expliquer par certains médicaments qui favorisent la prise de poids ou bien par le fait qu’ils sont moins actifs qu’auparavant ou encore qu’ils mangent davantage pour se réconforter ou pour tromper l’ennui. 

Pour aider votre enfant à maintenir son poids de forme, vous pouvez limiter sa consommation de sel et diminuer la quantité de calories, de matières grasses et de sucre dans son régime alimentaire. Demandez conseil au diététicien ou nutritionniste qui suit votre enfant afin de recevoir les conseils adaptés à sa situation. 

La perte de poids

A l’inverse, les enfants peuvent aussi perdre du poids durant leur traitement contre le cancer. Cela peut être dû à la maladie elle-même qui a une incidence négative sur l’apport nutritionnel (dénutrition), aux effets indésirables des médicaments ou encore à la réaction émotionnelle de l’enfant qui peut provoquer une perte d’appétit.

Une perte de poids peut parfois devenir un problème grave. Si c’est le cas, le nutritionniste ou le diététicien de votre enfant peut suggérer des suppléments nutritionnels pour pallier les carences. Si cela n’est pas suffisant ou que votre enfant n’arrive pas à s’alimenter correctement, il peut recevoir une alimentation parentérale, c'est-à-dire en perfusion par l'intermédiaire d'un cathéter placé dans une veine ou une alimentation entérale, c'est-à-dire par une sonde (tuyau long et fin) permettant d'amener directement dans l'estomac une alimentation liquide. La sonde est introduite par une narine ou à travers la peau du ventre (gastrostomie réalisée). 

Pour en savoir plus sur la nutrition et la dénutrition, consultez notre article Nutrition.

Altération du goût et de l’odorat

Les traitements contre le cancer peuvent altérer les sens du goût et de l'odorat de votre enfant, faisant évoluer ses envies et ses goûts. Certaines odeurs risquent également de lui provoquer des nausées.

Voici ce qui pourrait aider :

  • Proposez des aliments variés et essayez différents assaisonnements et épices en fonction des changements de goût de votre enfant. 
  • En cas de sensation de goût métallique dans la bouche : évitez la viande rouge et les couverts en métal. S’il n’a pas la bouche irritée, proposez-lui des aliments acidulés pour atténuer le goût métallique.  
  • Pour réduire les odeurs, éloignez votre enfant de la cuisine ou cuisinez à l'extérieur si cela est possible. Ne servez pas les aliments trop chauds car la fumée accentue les odeurs.
  • Encouragez votre enfant à se rincer souvent la bouche pour se débarrasser des arrière-goûts déplaisants

Modification de l’image corporelle

La chute des cheveux 

Aussi appelée alopécie, la chute des cheveux et des poils est habituelle dans les deux ou trois semaines suivant la plupart des chimiothérapies et après une radiothérapie du crâne. Cet effet peut toucher toutes les parties du corps – le cuir chevelu, les cils, les sourcils, les aisselles et le pubis. 

La perte peut être graduelle ou au contraire se produire pratiquement du jour au lendemain. Il n'y a pas de traitement préventif efficace pour l'empêcher. Dans l'immense majorité des cas, elle est temporaire. Il arrive souvent que les cheveux repoussent d’une couleur ou d’une texture différente qu’avant le traitement, ils seront par exemple plus frisés, plus épais ou plus fins.

La perte des cheveux est surtout mal vécue par les adolescents, plus sensibles à leur image que les jeunes enfants.

Retrouvez nos conseils aux adolescents dans l’espace Adolescents et jeunes adultes. 

Voici quelques suggestions pour faire face à la perte de cheveux :

  • Parlez à votre enfant de la possibilité qu’il perde ses cheveux pour qu’il se fasse à l’idée. En prévention, il est possible de lui couper les cheveux courts afin de faciliter la transition voire de raser la tête complètement pour ne pas subir la perte progressive des cheveux.
  • Proposez à votre enfant de porter un chapeau, un bandana, un foulard ou une perruque. La perruque peut être totalement ou en partie remboursée par l’Assurance maladie. Consultez la carte des prothésistes capillaires agréés.
  • Prenez une photo de votre enfant avec ses cheveux ou conservez une mèche de cheveux pour trouver une perruque qui sera la plus proche possible de sa chevelure normale. 
  • Pour l’entretien des cheveux, utilisez un shampooing doux et un peigne à larges dents ou une brosse douce. Évitez les produits forts qui abîment les cheveux (laque, alcool, ammoniaque) et l’utilisation du séchoir ou du fer à friser.
  • Protégez du soleil et du froid le cuir chevelu de votre enfant.
  • Discutez avec votre enfant des réactions possibles des autres enfants. S’il retourne en classe, vous pouvez prévenir le professeur qui pourra lui-même sensibiliser les élèves avant son retour. 

Pour plus d'informations sur la chute des cheveux et leur repousse, consulter le dossier dédié sur le site e-cancer.fr.

La fonte musculaire 

L'inactivité peut entraîner une fonte musculaire, difficile à supporter pour les enfants et les parents. Cela est transitoire et reviendra avec la reprise d'une vie normale et d'une activité physique adaptée, qui peut débuter dès la phase de traitement. 

Les acteurs de la rééducation tels que les kinésithérapeutes ou les psychomotriciens sont là aussi pour aider votre enfant à entretenir ses capacités musculaires.

Pour plus d'informations, vous pouvez consulter Les intervenants auprès de votre enfant.

Ils interviennent à la demande des médecins à l'hôpital ou au domicile, auprès des enfants qui ont besoin d'une rééducation (selon un programme décidé par un médecin de réadaptation fonctionnelle).

Les problèmes de peau 

Les traitements du cancer peuvent irriter la peau et la rendre plus sensible. La radiothérapie, par exemple, peut provoquer des réactions semblables à un coup de soleil. Les médicaments utilisés pour la chimiothérapie et certaines thérapies ciblées peuvent entraîner des éruptions cutanées, des rougeurs, des démangeaisons, de la desquamation (la peau qui pèle), de la sécheresse cutanée ou de l’acné. Certains médicaments peuvent aussi avoir pour effet de modifier la pigmentation de la peau ou l’aspect des ongles.

Voici quelques conseils pour aider à atténuer les changements cutanés provoqués par les traitements.

Dans le cas d’une radiothérapie

  • Demandez à l’équipe de soin les instructions pour le bain et les produits à utiliser pour ne pas irriter la zone traitée. 
  • Recommandez à votre ado d'utiliser un rasoir électrique plutôt qu’un rasoir à lames pour éviter les coupures sur la zone traitée. Bannissez les crèmes et cires dépilatoires. 
  • Ne placez rien de chaud ni de froid sur la région traitée.
  • Dites à votre ado de ne jamais pincer ni gratter les boutons.
  • Protégez votre enfant du soleil avec des vêtements couvrants et un chapeau et évitez d’appliquer de la crème solaire sur la zone traitée car cela pourrait l’irriter.   
  • Protégez les régions traitées de tout frottement, pression ou irritation avec des vêtements amples et de préférence en coton ou en soie, moins irritants pour la peau.

Dans le cas d’une chimiothérapie :

  • Lavez souvent la peau de votre enfant afin de réduire le risque d’irritation cutanée et dinfections.
  • Évitez l’eau chaude pour le bain qui a un effet desséchant. Tapotez doucement la peau pour la sécher au lieu de la frotter pour ne pas l’assécher.
  • Demandez conseil à l’équipe de soins pour les produits hydratants à utiliser. 
  • Recommandez à votre ado d'utiliser un rasoir électrique plutôt qu’un rasoir à lames pour éviter les coupures sur la zone traitée. Bannissez les crèmes et cires dépilatoires. 
  • Dites à votre ado de ne jamais pincer ni gratter les boutons
  • Protégez votre enfant du soleil avec des vêtements adaptés, un chapeau et de la crème solaire indice 50. Évitez l’exposition entre 12h et 16h. 

Si votre enfant présente une éruption cutanée grave ou s’il éprouve d’importantes démangeaisons, parlez-en à l’équipe soignante.

Les complications exceptionnelles

Très rarement, malgré la qualité des soins apportés et les efforts déployés, il peut arriver que les traitements reçus par votre enfant entraînent des complications graves susceptibles de menacer sa vie.

Dans ces circonstances exceptionnelles, indissociables de la gravité de la maladie, le médecin vous informera et étudiera avec vous et votre enfant - selon son âge et sa maturité - la meilleure conduite à tenir. Tous les moyens disponibles seront mis en œuvre pour y faire face.

Quel que soit le traitement proposé, le médecin vous informera des effets indésirables susceptibles de concerner votre enfant. Il est important de lui signaler tout symptôme inhabituel au cours d’un traitement afin qu'il puisse prendre des mesures adéquates. 

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