Les types de douleur
La douleur est souvent définie selon sa durée.
La douleur aiguë est de courte durée. Elle apparaît rapidement et est d’intensité très variable. Elle est en général causée par une inflammation ou un dommage des tissus comme par exemple après un soin, une opération ou un prélèvement (prise de sang, ponction de moelle osseuse, ponction lombaire...).
La douleur chronique est de longue durée. Elle peut persister quelques semaines, quelques mois ou même plus. Elle peut être constante ou apparaître puis disparaître et varier en intensité. On l’appelle aussi douleur persistante.
On peut aussi décrire la douleur selon la partie du corps qu’elle affecte.
La douleur névralgique, causée par la pression exercée sur les nerfs ou des lésions après un traitement par exemple, s'apparente à une brûlure ou un picotement.
La douleur osseuse apparaît lorsqu’un os a subi des dommages ou si le cancer s’est propagé aux os. C’est une douleur souvent continue, sourde ou pulsatile, c’est-à-dire qui émet des pulsations d’intensité variable à intervalles réguliers.
La douleur des tissus mous concerne un organe ou un muscle qui a subi des dommages. On la décrit habituellement comme étant vive, continue ou pulsatile.
La douleur viscérale touche les organes internes comme l’intestin. C’est une douleur dont la cause est difficile à trouver. On l’associe souvent à d’autres symptômes comme la nausée et les vomissements.
La douleur projetée survient quand une partie du corps provoque de la douleur dans une autre partie. Un foie enflé, par exemple, peut exercer une pression sur les nerfs et causer ainsi de la douleur dans l’épaule.
Les causes de la douleur
La douleur peut être causée par le cancer même, par des interventions ou des examens médicaux, par les traitements ou être l’un de leurs effets indésirables.
Certaines tumeurs peuvent causer de la douleur quand elles exercent une pression sur les organes, les nerfs ou les os ou lorsqu’elles bloquent des organes, des canaux ou des vaisseaux sanguins.
Parfois, les interventions ou les examens médicaux peuvent être douloureux comme les injections, la ponction lombaire ou la ponction de la moelle osseuse. Avant chaque intervention ou un examen, l’équipe de soins tente de prévenir le plus possible la douleur avec des antalgiques par exemple.
Les traitements du cancer peuvent aussi être à l’origine de douleurs. La chirurgie pratiquée pour enlever une tumeur peut endommager des tissus ou des nerfs. La radiothérapie peut causer de l’inconfort ou de la douleur selon la région du corps traitée. Les médicaments chimiothérapeutiques, quant à eux, peuvent être responsables d’effets indésirables (ex: vomissements, diarrhée, constipation, lésions dans la bouche…). Consulter notre article sur les effets indésirables.
Comprendre la douleur de votre enfant
Comprendre la douleur de votre enfant est la première étape vers un traitement efficace. La douleur est très personnelle et émotionnelle et donc difficile à mesurer. Évaluer la douleur de l’enfant, c’est entre autres savoir l’écouter, surveiller les signes de douleur et observer comment son corps réagit à la douleur.
Ce que dit votre enfant
La façon dont votre enfant décrit sa douleur est très importante pour l'évaluation de la douleur. Il est donc important d’écouter comment il la définit.
En fonction de leur âge et de leur stade de développement, les enfants vont décrire différemment la douleur. Le nourrisson peut donner des coups et crier, un tout-petit peut dire « aïe », « bobo » ou « mal ». Les enfants plus âgés peuvent décrire leur douleur même si les plus jeunes peuvent avoir des difficultés à exprimer ce qu’ils ressentent.
Certains enfants ne disent pas qu’ils ont mal. Cela peut être par crainte des piqûres ou d’aller à l’hôpital ou parce qu’ils ont peur d’embêter leurs parents ou de les rendre tristes. Certains ne parlent pas de leur douleur parce qu’ils ne veulent pas paraître faibles.
Les signes de douleur
La douleur peut s’exprimer dans le changement de comportement de votre enfant. Il peut par exemple faire des grimaces, pleurer ou gémir, être agité ou donner des coups de pied ou au contraire rester très immobile ou encore protéger la partie du corps qui fait mal.
Quand la douleur dure depuis longtemps, les changements de comportement peuvent être les suivants : perte d’appétit, difficulté à dormir, désintérêt pour les activités qu’il aime habituellement, besoin en permanence des parents, mauvaise conduite.
La réaction du corps
Une autre façon d’évaluer la douleur est de surveiller comment le corps de votre enfant réagit à la douleur. Par exemple, votre enfant peut transpirer davantage, avoir le cœur qui bat plus vite et plus fort, ou encore respirer plus difficilement, comme s’il avait couru.
Facteurs affectant l’évaluation de la douleur
Plusieurs facteurs peuvent affecter la douleur de l’enfant et sont à prendre en compte dans son évaluation.
Les facteurs physiques peuvent affecter directement la façon dont les enfants ressentent la douleur. La douleur semble plus intense lorsqu’on est fatigué, par exemple.
Les facteurs psychologiques comme les émotions de l'enfant affectent son comportement et sa réaction face à la douleur. La peur et l'anxiété, étroitement liées à la douleur, peuvent l’intensifier. A l’inverse, la capacité à imaginer, à se détendre, à jouer et à partager ses sentiments avec les autres peut aider à atténuer sa douleur.
Au-delà du caractère propre de l’enfant, il existe des facteurs comportementaux liés à l’âge et stade de développement, au sexe - on apprend souvent aux garçons, par exemple, qu’ils ne doivent pas pleurer ou montrer qu’ils ont mal - ou encore à la culture ou la langue. Tous ces facteurs affectent grandement la façon dont on ressent et exprime la douleur.
Parlez à l’équipe de soins de ce qui pourrait influencer votre enfant pour qu’elle puisse élaborer un plan de traitement de la douleur qui intègre au mieux tous ces facteurs.
Evaluer la douleur
L'équipe soignante met tout en œuvre pour prévenir, traiter ou soulager la douleur de votre enfant.
Accompagné par un soignant, dès 4 ou 5 ans, votre enfant est à même d'évaluer lui-même sa douleur en s'aidant de différentes échelles de la douleur. Pour les plus petits ou pour les enfants qui ont des difficultés à communiquer, il existe d'autres échelles d'évaluation basées essentiellement sur l'observation de votre enfant par les soignants.
Quand la douleur apparaît, un traitement est immédiatement mis en place pour la contrôler. Il peut malgré tout arriver que cela prenne un certain temps (quelques heures et parfois quelques jours) avant que l'enfant ne soit suffisamment soulagé. Parfois, on ne peut pas faire disparaître complètement la sensation de douleur mais on arrive à la ramener à un niveau acceptable.
Pour connaître les différentes échelles de la douleur en fonction de l’âge, vous pouvez consulter l’article dédié sur le site de l'association Sparadrap .
Traiter la douleur de votre enfant
Une fois que l’équipe de soins a terminé l’évaluation de la douleur, elle élabore un plan de traitement de la douleur en prenant également en considération les préférences de votre enfant et de sa famille.
La douleur aigüe peut être limitée par l'usage d'antalgiques (appelés aussi analgésiques ou antidouleurs). Ces médicaments sont à usage local (pommade) ou général, administrés alors par voie orale, intraveineuse ou par inhalation. On recourt notamment à l'administration, par inhalation courte, d'un gaz antalgique (mélange de protoxyde d'azote et d'oxygène) qui agit à la fois sur la douleur et l'anxiété.
Associées à ces traitements, les méthodes non médicamenteuses comme la relaxation, l'hypnose ou la distraction, permettent une prise en charge de la souffrance psychique de votre enfant et de l'anxiété qui peut être générée par les soins.
La douleur chronique est en général traitée par des médicaments antalgiques associés, comme dans le cas de la douleur aigüe, à des moyens non médicamenteux. Si nécessaire, il est fait appel à un médecin spécialiste de la douleur : un algologue.
En cas de douleurs fortes, l'antalgique proposé est la morphine ou un de ses dérivés, administré par voie orale, intraveineuse ou transcutanée (patch). Cela ne doit pas vous inquiéter : utiliser la morphine pour traiter la douleur ne rend pas dépendant. Si vous avez des doutes sur son usage, parlez-en avec le médecin de votre enfant.
En fonction de la compréhension de chaque enfant, une pompe lui permettant d'adapter lui-même la quantité de morphine à l'intensité de la douleur peut être utilisée. Cette pompe est appelée pompe PCA, de l'anglais « patient controlled analgesia ». Cette technique a beaucoup d'avantages et, notamment, celui de recevoir moins de produit pour un effet identique et d'aider votre enfant à être acteur dans le contrôle de sa douleur. Les pompes PCA sont équipées d'un dispositif de sécurité qui supprime tout risque de surdosage. Votre enfant est par ailleurs accompagné par l'équipe soignante dans l'utilisation de cet appareil.
Aider à soulager la douleur de votre enfant
Il n’est pas toujours possible de faire disparaître la douleur immédiatement ou complètement mais voici quelques façons d’aider votre enfant à y faire face :
- Prenez part aux soins : votre présence est d’une grande aide pour votre enfant. Vous connaissez les émotions et les expressions de votre enfant et êtes en mesure d’informer l’équipe soignante si vous constatez qu’il a peur ou mal.
- Parlez-lui : quand vous parlez de la douleur, utilisez des mots qu'il peut comprendre et essayez d’être le plus clair et le plus franc possible. Tentez de décrire ce qu’il pourrait ressentir lors d’un test ou d’un examen. Ne lui promettez pas qu’il n’aura pas mal si vous savez que ce n’est pas le cas.
- Rassurez-le : pour aider à diminuer la peur et l’anxiété de votre enfant, réconfortez-le en restant calme et confiant. Montrez-lui que vous l’aimez et soutenez-le émotionnellement. Vous pouvez le câliner, le bercer, lui faire des massages ou bien appliquer de la glace ou de la chaleur sur certaines régions de son corps pour soulager la douleur.
- Soyez compatissant et reconnaissez sa douleur : demandez à votre enfant de décrire sa douleur et son intensité. Ne niez pas ou n’essayez pas de diminuer sa douleur.
- Divertissez-le : faites en sorte que votre enfant soit confortable et entouré d’objets réconfortants (jouets, livres, doudou, tétine). Pour détourner son attention de la douleur, vous pouvez lui proposer des activités comme jouer, lire, écouter de la musique, respirer lentement et profondément.
Dans tous les cas, fiez-vous à votre instinct de parents et n’hésitez pas à discuter avec l’équipe de soin si votre enfant semble avoir mal pour trouver la meilleure façon de traiter sa douleur.
Ressources et liens utiles :
- Livre Comprendre et vaincre la douleur chronique de votre enfant (2007), Dr Lonnie K. Zeltzer, Christina Blackett Schlank, traduit par Nathalie Koralnik.
- Enfant-Do, associée au pôle de pédiatrie du CHU de Toulouse, l’équipe Enfant-Do propose de l’information sur la douleur de l’enfant : CHU de Toulouse.
- L’association Sparadrap propose de l’information et des fiches sur la douleur et les soins : Sparadap.org.
- Pédiadol, association pour le traitement de la douleur de l'enfant : www.pediadol.org.
- La société canadienne du cancer consacre un dossier complet aux cancers chez l’enfant : cancer.ca.
- Livret Apaiser les douleurs du cancer de la Fondation ARC