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La nutrition

Mise à jour le 21 juin 2021

Le cancer, ses traitements et leurs effets indésirables peuvent avoir des conséquences sur l’alimentation et plus particulièrement sur l’état nutritionnel de votre enfant, c’est-à-dire le bon équilibre entre ce qu’il consomme et ce qu’il dépense physiquement. Voici des conseils pour maintenir une bonne alimentation et lutter contre la dénutrition.

Le rôle de la nutrition

Pour fonctionner, l’organisme a besoin d’énergie et de divers éléments nutritifs apportés par les aliments.

Le besoin en nutrition augmente avec la maladie et les traitements. Pourtant, les patients rencontrent souvent des difficultés physiques à s’alimenter. Cela peut aboutir à une perte de poids parfois importante et exposer à une dénutrition.

Dès qu’elle commence, la dénutrition a des conséquences importantes, notamment sur la qualité de vie et la poursuite des traitements.

À l’inverse, un surpoids ou l’obésité au moment du diagnostic, pendant ou après les traitements, peuvent aussi avoir des conséquences négatives sur la maladie.

En fonction des localisations de cancer, la dénutrition, comme la prise de poids, peuvent avoir des effets négatifs. Des recommandations existent pour ces différentes localisations.

Surveiller l’état nutritionnel de votre enfant

L’état nutritionnel doit être évalué et surveillé tout au long du parcours de soins de votre enfant.

Un accompagnement nutritionnel adapté permet de prévenir, dépister ou traiter le risque de dénutrition ou de surpoids et d’en limiter ainsi les conséquences sur l’état de santé de votre enfant.

Il est important de surveiller son poids régulièrement (une fois par semaine). Si vous constatez un changement de poids de façon importante ou rapide, parlez-en au plus tôt aux professionnels qui le suivent.

Un état nutritionnel adapté pour optimiser les traitements

Une nutrition appropriée fait partie intégrante des soins contre le cancer. Aussi, quel que soit l’état nutritionnel de votre enfant, vous pouvez bénéficier des conseils hygiéno-diététiques d’un professionnel en nutrition (diététicien ou médecin nutritionniste) afin d’adopter une alimentation adaptée. Si cette consultation ne vous est pas proposée, n’hésitez pas à en faire la demande auprès de l’équipe soignante qui suit votre enfant.

Voici les repères de consommation à suivre si possible, sauf situation médicale ou avis médical requérant une adaptation particulière :

  • avoir une alimentation riche en céréales complètes, légumes secs, fruits et légumes ;
  • limiter la consommation d’aliments riches en matières grasses ou en sucres ;
  • limiter la consommation de viandes et charcuteries ;
  • ne pas recourir aux compléments alimentaires en l’absence d’indication médicale.

Pour les patients en surcharge pondérale, il est conseillé d’attendre la fin des traitements pour revenir à un poids normal.

Pour les personnes à risque ou en état de dénutrition, vous pouvez consulter les conseils d’hygiène diététique dans le paragraphe suivant permettant une alimentation par voie orale saine et orale.

Pendant les traitements, il est déconseillé de pratiquer le jeûne thérapeutique ou un régime restrictif. En effet, ils peuvent entraîner une perte de poids et de masse musculaire et ainsi aggraver une dénutrition.

La dénutrition 

Quand parle-t-on de dénutrition ? 

La dénutrition est un état qui se caractérise par le manque de nutriments dans l’organisme. Une personne est considérée comme dénutrie en cas de perte de plus de 5 % de son poids habituel en 1 mois, ou de plus de 10 % en 6 mois. C’est par exemple le cas si une personne de 60 kilos perd 3 kilos en 1 mois ou 6 kilos en 6 mois.

Au-delà de 10 % en 1 mois ou de 15 % en 6 mois, on parle de dénutrition sévère. Cette dénutrition sévère peut survenir même si l’on est en surpoids.

Pour dépister une dénutrition ou évaluer l’évolution de l’état nutritionnel, d’autres paramètres complémentaires, notamment biologiques (mesurés à partir de prises de sang), sont pris en compte.

Quelles sont les conséquences de la dénutrition ?  

La dénutrition peut avoir des conséquences à court et à long terme.

À court terme, la dénutrition peut entraîner des risques de complications postopératoires, avec :

  • une diminution des défenses contre les infections, qui risquent d’être plus sérieuses et plus longues à guérir ;
  • une cicatrisation perturbée, plus longue, moins solide ;
  • l’apparition d’escarres (plaies de pression) ;
  • une fatigue générale et/ou une anxiété qui peuvent entraîner une prolongation de l’hospitalisation, un retour à domicile retardé et un risque de nouvelle hospitalisation.

La dénutrition peut également augmenter le risque d’effets indésirables liés à la chimiothérapie et/ou à la radiothérapie.

La dénutrition peut encore gêner le déroulement des traitements. Si le médecin juge que les risques de complications liées à la dénutrition sont trop importants pour poursuivre le traitement, il peut envisager de l’interrompre ou le reporter, voire y renoncer.

Si elle n’est pas traitée, la dénutrition peut aussi avoir des conséquences à long terme comme :

  • une fonte des muscles associée à une perte de force et à un risque de chutes ;
  • des difficultés à exercer les activités habituelles de la vie quotidienne ;
  • une fatigue importante et accentuée qui peut altérer la vie de tous les jours ;
  • un amaigrissement important qui modifie l’image corporelle et peut créer une gêne supplémentaire vis-à-vis de l’entourage ;
  • des difficultés dans la guérison du cancer.

Lutter contre la dénutrition  

Conseils pour une alimentation variée 

Votre enfant peut bénéficier de conseils hygiéno-diététiques pour une alimentation saine, diversifiée et adaptée. Ces conseils sont le plus souvent prodigués par un diététicien.

Si aucune consultation avec un professionnel en nutrition n’est proposée à votre enfant, n’hésitez pas à en faire la demande auprès de l’équipe soignante qui le suit.

Quelques conseils pratiques peuvent être suivis au quotidien :

  • Augmenter la fréquence des repas pour améliorer la prise alimentaire orale : au minimum 5 repas de petit volume répartis sur la journée, y compris en soirée 
  • Prendre le temps de manger et de bien mâcher les aliments. Cet effort prolonge la première phase de la digestion (la mastication) et facilite ainsi le passage des aliments mastiqués et mélangés à la salive (appelé le bol alimentaire) tout au long du tube digestif ;
  • Adapter la texture des aliments aux capacités de mastication et de déglutition de votre enfant. Par exemple, en cas de dysphagie (difficulté à avaler) intermittente, irrégulière : privilégiez les aliments à texture molle voire liquide, bien saucés pour faciliter la déglutition. Éviter la consommation de repas trop chauds, trop sucrés ou trop acides ainsi que des aliments durs et secs (croûtes de pain, morceaux de viande peu mastiqués, fruits durs) ;
  • Enrichir les aliments et plats habituellement consommés. L’objectif est d’augmenter le nombre de calories sans augmenter le volume des portions ingérées. En pratique, n’hésitez pas à ajouter dans ses plats des matières grasses crues comme de l’huile d’olive, du beurre, de la crème, des crèmes de fromage. Sauf contre-indication médicale, les ajouts d’aliments sucrés intégrés aux repas sous forme de sucre, confitures, compotes, caramel, etc. sont aussi très utiles ;
  • Maintenir des apports en protéines suffisants pour permettre de conserver les muscles et les défenses immunitaires. Faites manger à votre enfant des aliments de type poissons, blancs d’œuf, fromages, laitages, surtout s’il présente un dégoût pour la viande. N’hésitez pas à les hacher s’il a des difficultés de mastication ou d’ingestion ;
  • Consommer au moins 1,5 litre de boissons comme de l’eau, du jus dilué, du bouillon de légumes, réparti sur la journée. Éviter de boire pendant le repas ;
  • Eviter le tabac et l’alcool pour les adolescents et jeunes adultes ;
  • S’installer en position semi-allongée après le repas pour faciliter la digestion et éviter les reflux alimentaires ;
  • Reprendre progressivement ou maintenir si possible une activité physique quotidienne adaptée.

Au cours des traitements des cancers, la pratique du jeûne ou de régimes restrictifs entraîne un risque d’aggravation de la dénutrition et de perte musculaire. Cette pratique n’est pas conseillée.

Attention aux régimes miracles !

Certaines personnes ou organisations vantent les effets miraculeux de certains régimes ou jeûnes pour guérir le cancer, qu’elles présentent comme beaucoup plus efficaces que les recommandations médicales classiques. Non validées scientifiquement, ces méthodes sont dangereuses. Aucune modification du régime alimentaire de votre enfant ne doit être faite sans la consultation de l’équipe médicale qui prend en charge votre enfant ou son médecin traitant.  

Autres solutions pour lutter contre la dénutrition 

Les compléments nutritionnels oraux

Vous avez enrichi l’alimentation de votre enfant mais elle ne parvient pas à couvrir ses besoins en nutriments ou bien les aliments qu’il consomme habituellement ne lui conviennent plus.

Son médecin peut alors lui prescrire une forme spéciale d’aliments, semblable à un médicament, pour une période donnée : il s’agit de compléments nutritionnels oraux, également appelés complémentation orale.

Ces compléments contribuent à améliorer les apports nutritionnels en quantité et en qualité. Ils sont nécessaires au rétablissement ou au maintien d’un état nutritionnel correct pendant les traitements.

Les compléments nutritionnels sont des aliments concentrés enrichis en éléments dont le corps a besoin pour fonctionner : calories, protéines, vitamines, sels minéraux, oligo éléments (ces éléments minéraux purs, comme le fluor, l’iode, le zinc… qui n’apportent pas d’énergie mais sont indispensables à certaines réactions chimiques dans l’organisme), etc.

Ils se présentent sous différentes formes (potages, biscuits, crèmes, boissons lactées ou à base de jus de fruits) et avec une variété de goûts et de saveurs (sucrés, salés). Le médecin prescrira à votre enfant celles qui lui conviennent le mieux.

N’hésitez pas à demander également conseil à votre pharmacien et/ou au diététicien qui suit votre enfant pour choisir les parfums et conditionnements adaptés à ses goûts, à ses préférences et à ses besoins nutritionnels.

Les compléments nutritionnels oraux viennent compléter l’alimentation habituelle mais ne doivent en aucun cas remplacer les repas. Il est primordial de consommer ces compléments nutritionnels oraux en suivant les doses et la fréquence prescrites par le médecin.

Ils sont remboursés intégralement par la Sécurité sociale pour traiter la dénutrition.

Ils sont disponibles en pharmacie ou peuvent être livrés à domicile, suivant certaines conditions, par la pharmacie ou un prestataire de services.

Si la consommation de compléments nutritionnels ne convient pas à votre enfant, il est indispensable de le signaler à l’équipe médicale pour envisager une autre stratégie.

L’alimentation artificielle 

Si l’alimentation par voie orale et les compléments alimentaires ne sont pas suffisants ou que votre enfant n’arrive pas à s’alimenter correctement, l’équipe médicale peut lui proposer plusieurs solutions d’alimentation artificielle.

La nutrition entérale 

La nutrition entérale est une technique de nutrition artificielle par sonde. 

Elle s’effectue généralement par une s onde de gastrostomie. La sonde est introduite directement dans l’estomac par l’intermédiaire d’un orifice réalisé au niveau de l’abdomen sous anesthésie.

La nutrition entérale peut aussi s’effectuer, pour une courte durée (moins d’un mois), par une sonde nasogastrique introduite par le nez pour atteindre l’estomac.

La présence d’une sonde n’empêche pas la reprise de l’alimentation par la bouche. 

La nutrition entérale mise en œuvre par l’équipe soignante peut se poursuivre à votre domicile.

Le médecin de votre enfant vous précisera toutes les informations nécessaires sur le mode de fonctionnement et la durée nécessaire. N’hésitez pas à poser toutes vos questions.

Pour aller plus loin, vous pouvez télécharger le guide “ Comprendre la nutrition entérale disponible sur e-cancer.fr.

La nutrition parentérale

La nutrition parentérale est une autre forme de nutrition artificielle, par voie veineuse. Elle est utilisée en dernier recours, lorsque l’alimentation par voie orale et la nutrition entérale sont impossibles, insuffisantes ou contre-indiquées.

Après quelques jours de mise en œuvre à l’hôpital pour s’assurer de sa bonne tolérance, elle peut se poursuivre à domicile avec l’aide et la surveillance d’un infirmier libéral et du médecin prescripteur.  

Le plus souvent, on utilise une chambre implantable ou un cathéter spécial (tube souple que l’on introduit dans les veines) placé au niveau du bras ou du cou.

Liens utiles

Le site Manger-Bouger, édité par Santé publique France et le ministère de la Santé

Le site du Réseau National Alimentation Cancer Recherche (Réseau NACRe)

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